Développer les énergies bas carbone, électrifier les usages et améliorer l’efficacité énergétique ne suffiront pas à atteindre nos objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, qui nous sont imposés par l’urgence climatique, d’autant plus que les rythmes de décarbonation actuels ne permettent pas d’envisager l’atteinte de nos objectifs malgré une accélération récente des efforts. Nous avons donc besoin d’actionner d’autres leviers de décarbonation, au travers d’une réflexion sur nos usages énergétiques.

De plus, le changement climatique n’est qu’un aspect de l’urgence écologique. Ainsi, l’effondrement de la biodiversité ne se règlera pas uniquement à coup d'énergies bas carbone ou de voitures électriques ; les pollutions diverses et leurs impacts sur la santé ne disparaîtront pas avec l’introduction d’un plastique bas carbone ou des poêles recyclables ; la massification des pompes à chaleur ne réglera pas le cycle de l'azote.

Mener un combat exclusivement contre le réchauffement climatique en occultant les autres limites planétaires nous amènerait vers une situation de tensions sur les ressources, avec des conséquences géopolitiques et sociales que nous connaissons, qui viendraient alors contraindre nos efforts d’atténuation. Il est inévitable d’adopter une approche systémique face aux enjeux écologiques.

Pour cela, la sobriété et les changements comportementaux représentent un levier particulièrement intéressant : par une réflexion individuelle et collective sur la pertinence de nos usages, nous pouvons réduire notre empreinte globale sur les écosystèmes.

A court terme, la sensibilisation sur des petits gestes a montré son efficacité lors de l’hiver 2022-2023, avec une économie d'énergie de 10%, certes associée à un signal-prix élevé lié à l'inflation grandissante. Néanmoins, à long terme, la sobriété et les changements comportementaux se planifient, requièrent l’intervention de la force publique, et demandent des changements structurels dans le fonctionnement et l’aménagement de notre société.

Cette note a ainsi vocation à éclairer les principales mesures politiques à prendre, réparties par catégorie d’ambition mais aussi d’impact.

Penser la sobriété à l'horizon 2050 - une proposition pratique