L'industrie agroalimentaire est à un carrefour crucial de son histoire, confrontée à des défis écologiques, sociaux et économiques sans précédent. Pour prospérer dans ce nouveau paysage, les entreprises doivent opérer une transition radicale en lien avec les territoires vers des pratiques durables, guidée par l'agroécologie, la responsabilité sociale et l'innovation.
L’engagement des entreprises varie et dépend largement de leur mode de gouvernance, de leur ancrage territorial et de leur capacité à repenser leur modèle économique. Les entreprises familiales, par exemple, peuvent investir à long terme dans des pratiques durables sans pression excessive des actionnaires, tandis que les coopératives offrent un modèle prometteur en matière d'ancrage territorial et de prise de décision collective.
Pour réussir cette transition, les entreprises doivent collaborer avec l'ensemble de la chaîne alimentaire, repenser les modèles de rémunération des agriculteurs pour assurer une juste rétribution, et encourager les consommateurs à adopter des habitudes alimentaires plus durables.
Le faible revenu des agriculteurs constitue un obstacle majeur à la transition écologique des industries agroalimentaires. Sans un soutien financier adéquat, les agriculteurs ne sont pas en mesure d’adopter des pratiques plus durables.
De plus, la nécessité de trouver des débouchés pour les nouvelles filières durables auprès des consommateurs pose un défi important.
Concernant la biodiversité, la plupart des entreprises ne semblent pas encore pleinement conscientes de leur impact ni des risques associés à son effondrement. L’utilisation de la méthodologie Science Based Targets for Nature (SBTN) représente cependant une piste prometteuse.
Enfin, la réglementation peut servir de catalyseur pour la transition écologique. Des exigences légales de reporting plus strictes, comme celles de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), encouragent les entreprises à améliorer leur transparence et à prendre en compte leurs impacts sur la biodiversité. Cependant, la réglementation doit aussi évoluer pour accompagner efficacement les entreprises dans leur transition, en tenant compte des spécificités régionales et sectorielles.
Ainsi, la transition vers un système alimentaire durable nécessite une réflexion interdisciplinaire et une mobilisation de nouvelles compétences pour relever les défis complexes auxquels le secteur est confronté.
Pour un réveil écologique, février 2024