Rapport de Pour un réveil écologique sur le secteur spatial

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Capture d'écran rapport spatial





Résumé exécutif

Les activités du secteur spatial sont bénéfiques à de nombreux égards : observation de la Terre pour mieux comprendre le changement climatique, recherche sur les origines de l’univers, systèmes de positionnement (GPS, Galileo, etc). Cependant, certains usages présentent un intérêt très limité pour la société, c’est notamment le cas du tourisme spatial et des méga-constellations. Plus largement, il est nécessaire de questionner l'utilité sociétale de chaque projet en considérant l’utilité de l’usage final au regard de ses impacts. Malheureusement, malgré la multiplication des acteurs et la libéralisation du secteur, les impacts du spatial sont particulièrement méconnus et potentiellement très largement sous-estimés.

Pour évaluer correctement l’impact d’un projet, il faut considérer l’ensemble des étapes de son cycle de vie, et pas uniquement la phase d’utilisation. Or à l’heure actuelle, les processus industriels du spatial étant très spécifiques, on peine à quantifier les émissions associées à la fabrication d’un sous-produit. De plus, la composition exacte des produits spatiaux est gardée secrète. Connaissant mal la composition et les émissions associées à chacun de ses constituants, il est très difficile de connaître le coût environnemental d’un produit, que ce soit un satellite ou un lanceur.

Mais la plus grande incertitude reste les émissions en haute atmosphère (suies, alumine et vapeur d’eau) générées lors de la phase en lancement ou de rentrées atmosphériques. La mesure précise de ses émissions pourrait faire exploser la contribution du secteur spatial au réchauffement climatique, d’un secteur très peu émetteur (0.01% des émissions mondiales) à un secteur non négligeable (0.6% des impacts mondiaux sur le climat). Ces phénomènes sont complexes à évaluer mais malgré leur impact potentiellement énorme, les moyens dédiés à la recherche sur le sujet sont dérisoires. Il est donc urgent de se donner les moyens de mesurer plus finement ces émissions.

Face à ces zones d'ombres, Pour un Réveil Écologique propose 12 leviers d’actions concrets pour permettre aux organisations du secteur de mieux prendre en compte la dimension environnementale. Ces leviers sont répartis en trois axes majeurs :

  • Améliorer notre connaissance de l’impact environnemental du secteur,
  • Renforcer la prise en compte de ces sujets dans la gouvernance des entreprises,
  • Orienter les financements et renforcer la réglementation pour choisir les projets spatiaux au regard de leur intérêt sociétal.

En début d’année 2022, nous avons envoyé un questionnaire et une demande de rencontre aux PDG des grandes organisations françaises du secteur spatial : Airbus Defense & Space, ArianeGroup, le CNES, l’ESA et Thales Alenia Space. Les réponses ainsi collectées et les leviers décrits précédemment nous ont permis de dresser un tableau cinglant de l'état d’avancement de la transition écologique de ces acteurs. Le secteur spatial semble être le grand oublié de la décarbonation. Si on note une prise de conscience croissante des questions environnementales, les actions concrètes mises en place à l’heure actuelle sont largement insuffisantes. Ce constat n’a rien de définitif, une volonté politique forte et coordonnée entre acteurs publics et privés pourrait contribuer à mettre sur les rails un secteur spatial décarboné au service de la société.

Le présent rapport s’adresse en priorité aux étudiants et jeunes diplômés qui, soucieux de la préservation des conditions d’habitabilité de la planète, désirent en apprendre davantage sur l’état d’avancement du secteur spatial et de ses acteurs afin d’accorder leurs choix de carrière et leurs valeurs.


Pour un réveil écologique, janvier 2024

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